Lise Blanc
Inde - carnet de voyage 1 - Incredible India
Dernière mise à jour : 14 août 2020
07 juillet 2016 Atterri à New Delhi à 04h00 du matin, heure locale. Je me suis débrouillée pour trouver un rickshaw** qui m'a emmené dans un hôtel moyennement miteux afin de m'y reposer la journée, et la nuit. Je ne veux pas m'attarder dans cette ville. Je vais rapidement me diriger vers le nord. Départ pour Rishikesh le lendemain. **En Inde les Tuk-Tuk sont appelés Rickshaw.

08 juillet 2016 L'aventure commence ! Pris un rickshaw jusqu'à une station de bus. Il est midi environ. Je prends un billet de bus pour Rishikesh. Au coin de la station, je tourne la tête et croise le regard d'un homme ; Inti. Il a 37 ans, il est beau, et voyage depuis environ 20 mois. Il me dit qu'il ne sait pas trop où aller, en fait. "Viens avec moi !" Lui dis-je. "Je vais à Rishikesh." Il se tâte un peu (pas trop longtemps) et finit par me suivre.C'est parti pour 6 ou 7 h de bus, à la cool, avec Inti. Bon feeling.
09 juillet 2016 Massages, tendresse, simplicité...Douce nuit d'amour avec lui. Joyeux anniversaire Lise. Aujourd’hui j’ai 22 ans. On est à Laxman Jula. J'ai passé un long moment à jouer avec des gamins dans le Gange, c'était le plus beau cadeau d'anniversaire que la vie pouvait m'offrir ! Quel bonheur ! Je me sens un peu rassurée d'être accompagnée. Sensation que les hommes me bouffent du regard. Par contre, une connexion profonde se fait avec les femmes. Je sens que l'Inde leur appartient. Elles sont belles, grandioses, charismatiques. À mes yeux, l'Inde incarne la féminité, la féminité sacrée et véritable.Il y a beaucoup de bruit, du monde partout... La nourriture me plait.
10 juillet 2016 Réveil tard. Besoin de dormir, besoin de m'ancrer... Rishikesh est la capitale mondiale du yoga. Il y a des ashrams de partout. Pourquoi pas en trouver un et y rester 1 mois ?Mais, y'en a trop, de tous les côtés, je m'y perds un peu... Est-ce vraiment de cela dont j'ai besoin, ici et maintenant ? Je ne pense pas... J'ai soif de découvrir ce continent et j'ai conscience que 6 mois ne seront de loin pas suffisant... Il me tarde de me diriger encore plus au nord. Je veux toucher l'Himalaya du regard, sentir son vent sur mon visage, méditer devant ses sommets enneigés, apprendre de son sacré. Je veux échanger avec les moines et les voir créer des mandalas de sable. Je rêve de hauteur, de montagnes et de me taper des dizaines d'heures de bus !
11 juillet 2016 Dernier réveil dans les bras d'Inti. On quitte la petite guesthouse. Il fait du stop, ça ne marche pas. Il me dit qu'il connait un bon plan pour manger gratos. On se retrouve dans un temple Sikh, qui offrent les repas de midi. On mange par terre, avec la main gauche. Les femmes sont alignées d'un côté et les hommes de l'autre.Inti a un bus à prendre, il mange vite. Plus vite que moi. Il se lève. Bien évidemment qu'on ne peut pas se prendre dans les bras, et encore moins se faire un bisou d'Adieu. Alors on se salue respectueusement, à l'Indienne. Les mains jointes devant la poitrine, on s'incline, on échange un dernier sourire complice. Le coeur parle, il dit merci, merci pour ces moments de tendresse et de partage, j'espère que l'on se reverra, bonne route à toi, continuons de rêver et de réaliser nos rêves.Nos chemins se séparent. Pourtant, mon petit doigt me dit que je vais le recroiser en cours de route, on verra bien. Lui va prendre un bus dans une direction, moi dans l'autre. Cet arpès-midi je m'en vais sur Haridwar.Je reprends un rickshaw pour me diriger à une station de bus et monte dans le prochain qui va sur Haridwar. En route, on croise des éléphants. Pures merveilles de la nature... Le bus me dépose en ville, je trouve un petit hôtel pas trop pourri, et prend une douche. En sortant de là, je ne "la sens pas." "Va au nord à Dharamsala" me chuchote ma voix/voie intérieure. Il va bientôt faire nuit. Si je pars, c'est maintenant, ou demain. Bon, c'est décidé, c'est pour maintenant ! Je repack mon sac, descend à la réception et dit : " Écoutez, là je pars à Dharamsala, une amie m'y attend." Ce qui était vrai, en fait, car un ami m'avait mise en contact avec une jeune fille qui voyageait seule et qui se trouvait à Dharamsala pour quelques jours. J'avais bien envie d'y faire un tour, moi aussi, à Dharamsala. L'occasion se présentait bien. J'ai filé dans un ATM pour y retirer du liquide mais rien ne fonctionnait. Tant pis, je vais à la station de bus. Je demande à un chauffeur lequel s'en va pour Dharamsala; "Je pars dans 30'. Par contre, je vais à Manali. Si tu veux je te dépose vers 3 ou 4 h du matin dans une station et la tu attends 1 ou 2 h et tu reprends un autre bus jusqu'à Dharamsala. Sinon tu attends demain."J'avais cette voix que les gens autour de moi m’avait mis dans la tête ; "Lise, oublie les bus de nuit ici, ça craint..." Mais ça me faisait chier d’attendre un jour de plus... Et puis j’emmerde, ce que les gens disent. J’ai jamais écouté personne. Et heureusement, parce que si je les avais écoutés je ne serais pas là. Et moi je sais que c’est là que je dois être et nul part ailleurs... Tout à coup cette histoire de bus devient une histoire personnelle. "J'ai peur, donc j'y vais" était devenu mon nouveau mantra depuis quelque temps déjà. Inconscience ? Imprudence ? Et pourquoi pas Confiance et Amour, pour une fois ? Confiance en cette intuition qui m'a menée sur ce continent et en cet 'Amour inconditionnel qui guide chacun de mes pas ? Je ne suis pas irresponsable, non. C’est juste que j’ai toujours avancé (et continuerai d’avancer) à l’instinct.Bref, je monte dans le bus, il est plein. Je prends place à l'avant. Un Sadhu m'observe du coin de l'oeil. Je m'incline et le salue. À l'avant, dans la rangée de gauche, il y a deux voyageurs, un gars et une fille qui viennent de Nouvelle-Zélande. Et puis, il y a une jeune fille, un rayon de soleil à la chevelure d'or qui vient s'asseoir à côté de moi. Elle s'appelle Lili Rose, elle est pétillante et belle. Elle a 20 ans. À tout juste 18 ans, elle a voyagé 9 mois en Inde. Seule. Cette fille m'inspire. Elle me donne encore plus envie de dépasser tous les "on dit", les croyances des gens qui n'ont jamais foutu les pieds en dehors de l'Europe et qui ont le cerveau lobotomisé à force de trop de télé...Vu que je n’ai pas un sous en poche, les kiwis me payent mon billet de bus. Merci. Vers 3 h du matin, le bus s'arrête. Lili Rose me dit; "Continue la route avec moi, je vais à Manali. Tu vas pas rester ici à attendre des heures un bus qui ne viendra peut-être pas. Tu auras le temps d'aller à Dharamsala plus tard !""Ok, je sais pas ou c'est Manali, mais si c'est en direction du nord, je te suis."La suivre, ça veut dire se taper encore 7 h de bus... Je les voulais, mes heures de trajets, les voici ! Environ 16 heures au total. Mes règles sont apparues pendant les dernières heures de route... Super. Je dois me démerder dans un bus qui ne s'arrête pas, pour cacher la misère...Lili Rose compatit, elle me dit : "Une fois j'avais trop besoin de faire pipi. Le chauffeur ne voulait pas s'arrêter...j'ai fini par pisser dans un paquet de chips et je l'ai lancé par la fenêtre..."Sûrement qu'elle devait porter une longue jupe ce jour-là, Lili Rose. À défaut d'être glamour, on a au moins le sens de la débrouillardise !
