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  • Photo du rédacteurLise Blanc

Inde - carnet de voyage 2 - De Manali à Leh

Dernière mise à jour : 14 août 2020

12 juillet 2016 On arrive (enfin) à Manali. Lili Rose connaît bien l'endroit. On décide de rester ensemble. On va se poser quelques jours à Vashist, situé sur l'autre rive du fleuve. L'endroit est calme et le cadre est très sympa. Elle connaît une guesthouse ou le prix est vachement négociable.On prend une piaule à deux, on paie 150 RS chacune. (Environ 2.10 CHF). On va se faire masser (besoin vital !) Puis on fait une "sieste" de 3 h. Au réveil, on se balade un peu et on mange un morceau. Inti, avec qui je suis restée en contact, me dit qu'il va arriver à Manali bientôt, et qu'il compte monter à Leh. Je ne sais pas où c'est, moi, Leh, mis à part que c'est une ville située bien plus au nord, à environ deux jours de voiture et que j'aurais bien envie d'y aller à un moment ou à un autre. Le soleil se couche. Il y a des Israéliens dehors, ambiance pétards-guitare. Ici, les Israéliens sont partout. J'ai appris que chez eux, à 18 ans, l'armée est obligatoire pour tout le monde. Trois ans de service pour les hommes et deux ans pour les femmes. Donc une fois leur service terminé ils partent voyager, histoire de voir autre chose. Ils prévoient des mois et des mois à l'avance leurs itinéraires et prochaines destinations. Visas obligent.Je sympathise avec l'un deux, il part le lendemain pour Leh. Quarante-huit heures de voiture à travers des paysages incroyables. Deux de ses amis partiront en Royal Enfield. Mais je viens juste d'arriver... et puis, on rigole bien avec Lili Rose. Mais l'appel du Nord se fait ressentir. Le Ladakh, ça doit être chouette... Je vais dormir, il paraît que la nuit porte conseil.

13 juillet 2016 On se réveille à 8 h. Lili Rose me demande si je veux aller au yoga avec elle. Je lui dis "non, pas ce matin." Elle s'en va. Je sors et croise Eyal, mon pote Israélien rencontré la veille. "On part dans 10 minutes pour Leh, il reste une place, si tu veux venir, viens !"J'ai les papillons dans le ventre, "c'est maintenant !". Je refais mon sac à dos, gribouille une petite lettre d'Adieu pour Lili Rose, glisse quelques roupies et les clés de la chambre dans une enveloppe et donne le tout à une fille Russe qui a sa piaule au-dessus de la nôtre. "C'est pour Lili ..." Dis-lui que le Nord m'appelle... Faut que j'y aille maintenant." Sur la lettre adressée à Lili, je lui ai écrit qu'elle m'avait touchée, vraiment. Je la remercie pour ce petit bout de chemin partagé ensemble et lui donne mes coordonnées. Et voilà, je repars. En route pour de nouvelles aventures ! Goût amer de "laisser" Lili "comme ça". Eyal est content que je le suive, et moi, je suis contente de faire la route avec lui. Bon feeling. On est 4 au total, plus le chauffeur. On retrouve Edith et son papa (Israéliens, eux aussi) et on embarque dans le 4x4. Durant ce premier jour de route, on monte des cols, on traverse des plaines désertiques, on balade notre rétine sur les hauts sommets enneigés. J'en prends plein les yeux, les paysages se dessinent, sublimes. Je n'en finis pas de m'émerveiller devant la vastitude des vallées et la grandiosité de la nature... Les 12 premières heures de route s'achèvent. Je suis contente de pouvoir dormir confortablement, au chaud, sous une tente à 4'000m d’altitude ! Que les étoiles sont belles, vues d'ici.


14 juillet 2016 Je me réveille et ouvre les yeux sur ce qui m'entoure. En ces lieux, une méditation s’impose. Je me surprends à penser que je resterais bien là quelques jours, quelques semaines, et pourquoi pas quelques années. Là où il n'y a quasiment rien ni personne. Là où le temps semble ne plus rien signifier. Là où je pourrais passer mes journées à écouter le murmure du vent et le claquement des drapeaux tibétains au loin. Là où, la nuit, j'entendrai la lune et les étoiles chuchoter entre elles. Là où le chant des montagnes m'enivrerait. Là où la douce et mélodieuse symphonie de la terre me bercerait à l'infini.

Nous repartons assez tôt. Dernière ligne droite (façon de parler, hein !) jusqu'à Leh. Les routes sont sinueuses, et les paysages ne cessent de me transporter. J'en ai le souffle coupé. Et littéralement, car on a même grimpé à 5'328m... Une grande première !

Il y a régulièrement des postes de contrôle, je sors souvent mon passeport du slip** pour le présenter aux autorités. Dans toute cette somptuosité, l'étroitesse des routes me fais serrer le cœur plus d'une fois. Il est souvent impossible que deux véhicules puissent se croiser. Je me demande comment font les chauffeurs pour faire marche arrière, avec leurs gros camions. Quand je vois les carcasses écrasées au fond des ravins qui bordent les routes, je prends conscience que ça "ne passe pas" toujours... ** Mon passeport et ma carte de crédit se trouvent toujours dans ma pochette "à la ceinture", (Dans mon slip, en gros) que je ne quitte même pour dormir.


Dans la voiture, l'ambiance est bonne. On dort, on discute, on écoute de la musique, on chante, on sort pisser et manger. Et surtout, surtout, on n'oublie pas de rêver.

Nous arrivons à Leh en fin de journée. Je suis claquée, énervée en plus. Déjà, je n'étais pas censée payé ma place, parce qu'ils seraient de toute façon partis avec ou sans moi et auraient payé le prix plein, ce qui n'avait pas l'air de les déranger... En vrai, je m'en foutais de payer ma place. Mais pas ce prix-là ! Ça m’a couté la peau du cul, putain. Passons. Avec Eyal on trouve une piaule pour 150 RS chacun. Une bonne douche et un matelas pas trop crade sont les bienvenus. Première nuit à Leh.



{Hommage à la vie et sa Grande Heure}

Il y a quelque chose de fort qui se passe en moi durant ces deux jours de route. Je me sens portée par quelque chose de grand, de puissant. Des images de mon Parrain, Tonton Serge ne cessent de me traverser en entier. Voilà un an presque qu'il n'est plus là. Veille-t-il sur moi, depuis là haut? Je sens en tout cas que je ne suis pas seule. J'ai l'impression de voir ces sommets et ces rochers à travers son regard, de ressentir la force tranquille de ces monts à travers ses poumons. Une connexion intime entre moi et tout ce qui m'entoure se crée. Je me sens en totale sécurité. Je me sens ici "chez moi", libre, vivante, grande. Je ne cherche pas à comprendre pourquoi j'ai atterri ici. Je me suis déjà demandée où je serais si j'étais partie en Amérique Latine, mais je ne me suis pas attardée sur la question. C'est ici que je dois être, point. Qui me guide ? La question se pose en cet instant précis. Mais je sais qu'il n'y aura pas de réponse. Alors j'ouvre les yeux et je respire. Je respire le monde, ce souffle de vie qui coule en moi. Je respire la nature, la lune et les étoiles. Je respire la vie et la croque à pleine dent. Je respire la mort et ne la craint plus. Je respire la douceur des gens et les atrocités de l'humanité. Je respire le calme et la tendresse, aussi. Et je remercie... Je remercie la vie, les Dieux, toi, moi, nous, tous éloignés pourtant si proches. Tous uniques et pourtant si différents.Et puis, je pleure aussi, ; d'amour, de clarté, de simplicité.










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