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  • Photo du rédacteurLise Blanc

Inde - Carnet de voyage 5 - En haut par-là ! Et pis en bas par-là !

Dernière mise à jour : 14 août 2020

29 juillet 2016 C’est le grand jour. Je vous ai parlé de préparatifs? En fait, il n’y en a pas eu. J’avais simplement une route à suivre avant d’arriver au premier village. Ensuite, j’aviserai. On m’avait dit que je pourrais relier Padum à Darcha en 4 jours. Cela me paraissait bien. On m’a également dit qu’en trois heures de marche, j’atteindrai Ichar, premier bled ou je pourrais dormir et manger ce soir. Ça aussi, ça me paraissait bien. Avant de partir, j’ai essayé de retirer un peu de cash, « au cas où », mais le distributeur de billet ne fonctionnait pas. Jeremy m’a gracieusement prêté l’équivalent de 30CHF, je les lui rendrai via ebanking un de ces quatre, quand j’aurai une connexion internet valable. Mon sac sur le dos, le sourire aux lèvres, je m’en vais sous le soleil de midi. Je marche pendant plusieurs heures sur une route caillouteuse. J’ai du croisé une ou deux voitures depuis mon départ. Je me rends bien compte que le village est bien plus loin que ce qu’on m’avait indiqué. Tant pis. Un camion passe. Je lève le pouce. Deux gars de l’armée me font monter avec eux. Ils s’arrêtent un peu plus loin dans une sorte de campement. C’est là qu’ils vivent l’été. L’hiver, il fait trop froid, ils redescendent plus au sud. Ils me proposent de manger et de boire quelque chose avec eux, sous leur tente. Je décline l’offre et les attends à l’extérieur. On ne tarde pas à reprendre la route. Ils me confirment qu’effectivement, Ichar est encore à plusieurs heures de marche, et qu’ils ne vont pas aller aussi loin. Ils me déposent quelques minutes plus tard et m'informent que leur officier passera dans l’après-midi. Ils l’appelleront pour lui demander de me prendre, si je suis toujours là, et que je ne tiens pas à passer la nuit dehors.

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Je les remercie et continue de marcher. Les paysages sont arides, le climat encore plus sec et poussiéreux qu’à Leh. Environ 1 h plus tard, je croise un voyageur à vélo. On discute un moment. Il me demande ce que je fais là. Je lui réponds que je m’en vais marcher quelques jours, et que là, je vais faire du stop, parce qu'à pied, je vais galérer. Il me congratule d’un  "You’re more crazy than I am"**. Je rigole en lui répondant que je pense que traverser un pays comme celui-ci à vélo est bien plus fou que de traverser cette partie à pied, en stop, en roller ou même en trotin'herbe. Je continue mon chemin quand je croise l’officier en voiture. Je ne le sens pas, et préfère continuer mon chemin. Je marche encore et encore. Ça doit faire 4 heures déjà et je me demande bien si j’ai bien fait de ne pas monter dans cette foutue bagnole. Je me pose un petit moment. J’entends un bruit de moteur s'approcher. Je me lève et tends le pouce. À L’intérieur du Truck, il y a le chauffeur et quatre Israéliens; deux gars et deux filles. Ils me font une petite place dans la bene, entre les sacs. Les Israéliens descendent peu après que je sois montée. Ils vont aussi faire un trek de quelques jours, mais pas dans la même direction que moi.



Le chauffeur me dépose en fin d’après-midi au milieu de nulle part, à côté d'un campement. Je lui demande s’il aurait la gentillesse de m’emmener jusqu’à Ichar, vu qu'il me dit que le village est désormais tout proche. Il me répond que non, lui il ne va pas plus loin qu’ici. À ce moment-là, je suis entourée d’une dizaine de mecs. Je ne me sens pas bien. À l’arrache, je prends mon sac et je me casse. La route continue, raide. Je ne cours pas mais je marche vite. Je me retourne et je vois que personne ne me suit. Je respire... Plus d'une demi-heure plus tard, j’aperçois enfin quelques maisonnettes sur ma gauche. C’est le dernier village auquel la route accède. Les suivants seront réellement coupés du monde, à plusieurs jours de marche de toute civilisation. On m’indique que je suis bien arrivée à Ichar. Une famille m’accueille les bras ouverts. Je fais un bond de 100 ans en arrière. Tout est extrêmement rudimentaire, à l’image de la vie de mes grands-parents, à l’époque. Ou du moins, c’est comme ça que je me l’imagine. Les gens sont absolument adorables. La maman nous fait à manger, je me joins à eux pour partager le repas. Ils me donnent même une banquette sur laquelle dormir. C’est clairement mieux qu’un cinq étoiles ! Je ne pouvais rêver mieux pour une première immersion Cachemirienne. Je joue avec un tout petit dans la maison quand deux Français font leurs apparitions. Ils sont là pour quelques semaines, afin d’aider les locaux à construire une école. Il y a en fait, plusieurs jeunes français qui restent ici un ou deux mois l’été pour participer au projet. Je trouve l’idée plutôt cool. Sur ce, je m’envole aux pays des rêves.

30 juillet 2016 Je me réveille avec le chant des coqs. Je prends un moment pour discuter avec les Français. Ils me disent que depuis ici, je mettrai en tout cas une bonne semaine à pied, si je veux me diriger vers Manali. Je prends la journée pour y réfléchir. Une bonne semaine... Ça veut dire quoi, exactement, une «  bonne » semaine ? Sept, huit, neuf ou même dix jours de marche, selon la météo ? Putain, on m’avait dit que j’y serai en quatre jours ! Bienvenue en Inde, là où, comme dans les trois quarts des pays du monde, l’heure, les kilomètres, les distances et les dates n’ont que très peu d’importance... Bien m’en fait !


La distance ne me fait pas peur, au contraire, c’est grisant. Le souci, c’est que je n’ai rien : pas de toile de tente, pas de bouffe, pas d’eau, que je suis dépourvue de quelconque condition physique et pire encore ; je n’ai pas de carte. Mais rien n’est impossible, n’est-ce pas ?


Dormir? À la belle étoile dans mon sac à couchage. L’eau ? Il y a assez de rivières dans les parages. La nourriture ? Je croiserai des campements, un monastère et plusieurs « refuges » dans lesquels vivent les gens dont leur métier consiste à taper sur des cailloux à longueur de journée, dans le but de construire une route qui verra le jour dans un futur lointain. - Je leur achèterai quelques chapatis en cours de route. Quant à la map, les gens que je croiserai seront mon GPS. L’idée me plaît. Je profite de la journée pour jouer avec les gamins, et glousser avec les grands-mères. En fin de journée, les Français m’informent qu’il y a eu des attentats dans leurs pays, et que ça ne sent pas bon. "Merde, me dis-je. Je me sens plus en sécurité ici qu’en Europe." La famille chez qui je dors me propose de rester le temps que je veux. J’aurais pu y rester pendant des jours, des semaines, des mois, des siècles. Mon Dieu, des siècles ! J’imagine déjà une sorte « D’Annapurna Tour" se dessiner à travers ces vallées vierges et épurées d’ici quelques décennies... Qu’IL m’en préserve.

Et surtout, rester, c’est s’attacher. Je m’en vais donc me coucher, avec un pincement au coeur, car la bonté et la générosité de ces gens me touchent. Et puis aussi, parce que je pense aux miens... Demain sera un autre jour. Il sera beau et magique, parce que j'ai pris la décision de ne pas m’attacher, de ne pas avoir à me séparer, à un moment donné. Pour moi c’est ça, la liberté. Marcher main dans la main avec moi-même, en douceur, en rythme avec les seules pulsations de mon coeur. En rythme avec les mouvements de la vie, de la nature et de mon âme.


1er août 2016 Réveil tôt. Mon baluchon est prêt. J’ai de la flotte dans le sac et des biscuits dans les poches. Je quitte le bled, heureuse et bien. Je marche seule. La route caillouteuse continue un peu, avant de s’arrêter complètement. Désormais, seul des petits chemins de montagnes, étroits et escarpés me permettront d’avancer. Quelques heures plus tard, je croise d’autres Français. (Encore !) Ils sont retraités et ça fait plusieurs années qu’ils reviennent en Inde sillonner les routes Zanskarienne. Eux, à contrario de moi, sont organisés. Ils ont un horseman** et un guide (deux, peut-être ?) qui leur font à manger trois fois par jour. De la bouffe, de la flotte, des toiles de tente, des bâtons de marche (tiens, je n’avais pas pensé à ce détail-là !), des matelas (nan, je plaisante) et même du papier cul... (quel luxe !) Le tout, porté par des chevaux. Ils sont là pour une quarantaine de jours, entre couple d’amis et tous s’étonnent de mon manque d’organisation. Intérieurement, je rigole : "C’est pas ici que je vais crever !" On marche beaucoup et passons la soirée et la nuit dans un village dont je n’ai pas relevé le nom.

2 août 2016 Réveil tôt et départ en direction du plus beau monastère bouddhiste au monde ! Je fais un bout de chemin avec les Français et peste un peu. "Fait chier, j’peux pas me retrouver seule au monde ? Si je leur avais parlé dès le départ avec un accent Haut Valaisan à couper au couteau, ils m’auraient foutu la paix !" A défaut de savoir imiter les accents, je prends mes distances, jusqu’à les perdre de vue : "Loin de moi, civilisation !" Je m’émerveille continuellement devant les paysages qui m’entourent. Les montagnes sont hautes, puissantes. La rivière Zanskarienne, qui me souris désormais, est d’une splendeur sans pareil. Son bleu est perçant, glacial. L’ambiance est tout bonnement géniale. En fin de journée, j’ai chaud, faim et mal aux pieds. Vous vous en doutez bien : je n’ai absolument pas l’habitude de marcher ou de faire du sport... L’altitude est élevée, on doit frôler les 3’800 m. À la bonne heure ! Vous-ais-je déjà parlé de ma peur viscérale du vide ? Non ? Eh bien maintenant vous êtes au courant ! Les petits chemins escarpés m’ont pompé pas mal d’énergie... Nous nous rapprochons du monastère de Phuktal. Je ne le vois pas encore, il est planqué dans une paroi rocheuse, là-haut, tout à gauche, derrière les montagnes, mais je perçois déjà les moines au loin, marcher sur le chemin qui y mène. J’ai rattrapé les Français. On fait une petite pause ensemble, avant d’attaquer le dernier bout. Une dizaine de minutes après avoir repris la route, je vois en contrebas un attroupement de moines sur la seule petite rive située de ce côté-là du fleuve. Il faut désescalader une paroi verticale rocheuse pour y accéder. C’est le terrain de jeu pour les petits moines, ils vont dans la rivière pour jouer, se baigner et laver leurs robes safranées. En me penchant un peu, j’entre-aperçois un corps flotter. Je vois juste un crâne rasé dépasser de la surface de l'eau. On m’explique à la va vite, que ça fait déjà cinq bonnes minutes qu’il stagne là. Ce gamin a dû sauter dans l’eau d’un peu plus haut, pour rigoler, et à du se taper là tête au passage. Ou alors, il s’est noyé par manque de savoir nager. Allez savoir. Je m’entends frémir, impuissante, un "Bordel de merde je peux pas sauter depuis ici." Tout à coup, je vois l'un des guides non pas désescalader, mais jumper de la paroi rocheuse dans un élan de détresse total, avant de se jeter à l’eau. "Merde, ce gosse pourrait être son fils" Un "Putain il va se noyer, il ne sait pas nager !" s’échappe de ma bouche. Vous vous en doutez bien, la natation n’est pas le sport national, par ici. Je vois les moines faire une sorte de chaîne humaine hors et dans l’eau afin de tirer le guide qui tient le gamin dans un de ses bras comme il peut. Je les vois étendre le petit au sol et le réanimer comme ils peuvent. Je vois son petit corps balloter sous les mouvements des mains qui essayent de le ramener à la vie. J’entends les Français, qui sont à deux mètres de moi, crier des instructions sur comment faire un massage cardiaque. Un "Quelle bande d'abruti..." sort de ma bouche. À voix bien haute, cette fois-ci. Je retiens mon souffle et demande depuis le fond de mes entrailles à tous les Dieux de faire quelque chose depuis là-haut. Mais au bout de quelques minutes encore, rien ne se passe. C'est trop tard. Il est resté trop longtemps dans la flotte. Au moins une quinzaine de minutes, voir plus. Je sens mon estomac se retourner. Une larme coule sur ma joue. "Je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien faire. " M’entends-je répéter comme une dératée. Si j’étais arrivée juste un peu avant, ou au moment même ou il a déroché et s'est retrouvé à l’eau, j’aurai pu désescalader et sauter dans la rivière. J’aurais pu le prendre par la main et le ramener sur cette foutue rive. J’aurais pu le bercer dans mes bras et le réconforter. J’aurais pu apercevoir ses paupières s’ouvrir et son visage me sourire. Mais j’étais trop loin, trop haut, trop juste. C’était trop tard. "Je ne pouvais rien faire ». Alors c’est ça, mourir ? On rigole, on s’amuse et paf, l’instant d’après la mort nous emporte avec elle ? Sans prévenir, sans crier gare,  "la salope" ? Je prie pour que ça aie été rapide. Pour qu’il n’ait pas senti cette eau glacée, bleutée et immaculée, remplir ses poumons. Je prie pour que son âme soit partie en paix, au milieu de toute cette splendeur, si bien protégée par les Dieux Des Hauteurs. Je reprends un peu mes esprits et termine la fin de la journée dans les **latrines de luxe qui sont situées en contrebas de ce puissant monastère, avec une chiasse d’enfer. Tout ça m’a littéralement retourné le bide. Ce soir je peine à trouver le sommeil et finis par m’endormir tardivement dans un dortoir que j’ai payé une blinde.

**Chiottes formée d’un trou dans un plancher, dans une pseudo mini cabane en contrebas d’un rocher. Splendide !

3 août 2016 Je profite du petit matin pour visiter ce puissant monastère ainsi que le « village » qui s’y niche. Je passe du temps à m’imprégner de l’énergie qui s’en dégage. Il fait partie de ces lieux qui impose le respect et qui semblent apaiser nos tourments d’occidentaux. Tourments concernant - la majorité du temps - notre soi-disant "malheureuse existence de gens pourris gâtés jusqu’à la moelle et aigri de la vie au possible. » Sur ce, je m’incline devant la sagesse des moines et de cet espace sacré puis fais mon sac à dos et m’en vais en direction de Purne, un bled situé à moins de trois heures d’ici. Les chemins sont escarpés. Je prends sur moi. Arrivée à Purne, je recroise les Israéliens avec qui j’avais fait le bout de route en voiture le premier jour. Je suis contente de les revoir. On discute un moment. Ils sont à la roots complet « No 5 stars hotel like the frenchies » me précisent-ils. Je ris. En effet, ils ont une bâche en guise de toile de tente et se font eux-mêmes à bouffer. Ils sont trois; deux gars et une fille. Ils sont vraiment cool et on s’entend tout de suite bien. "On a une place pour toi sous notre toit, si tu veux marcher avec nous quelques jours. On va jusqu’à Darcha."

Je signe !

En plus, ils ont un horseman, pour porter leurs sacs à dos. C’est parfait, car le mien pèse une tonne, et je commence à en avoir marre de me le trimballer. Le horseman demande 900rs par jour pour les quatre. Top !

On passe la soirée à regarder les étoiles et puis on s’endort les quatre, collés les uns aux autres pour lutter contre le froid, sous la bâche de luxe. La vie est trop belle.


4 août 2016

On se réveille à 5h00 du matin. Chapatis et porridge en guise de petit-dé'j. On décole vers 08h00. Aujourd’hui, les paysages sont désertiques. Vers 15h30 nous arrivons dans un petit bled. Mes nouveaux potes sont chauds à tirer jusqu’à Kargyak. Bon, à la guerre comme à la guerre ! On avance encore un peu quand le horseman me dit que je peux monter sur le cheval, si j’en ai envie. Je grimpe dessus. C’est marrant, ça faisait des années que j’étais pas monté à cheval. On traverse une pleine immense. Un vent à fendre le crâne se lève.


On arrive (enfin) à Kargyak vers 19h00. On partagera une pièce pour dormir où quatre petits matelas sont posé au sol. On a négocié le prix de 200rs par personne. On est tous claqués et décidons de rester ici demain pour se reposer. En plus, j’ai mal au cul, à cause du canasson.


5 août 2016

On se repose, on mange, on dort, je médite un peu. Organisation chapati le soir pour le lendemain. Notre principal sujet de conversation ? La bouffe !


6 août 2016

Réveil vers 07h00. On ne tarde pas à partir. On marche 3 heures puis pause lunch. Il y a une superbe ambiance entre nous, et autour de nous. On ne croise pas un chat, et les paysages sont incroyables. J’adore cette sensation d’être seule au monde. C’est grisant de savoir que la civilisation est bien loin de nous. On passe un temps fou à traverser des rivières et c’est une putain d’aventure ! On se marre bien, c’est trop chouette. En fin d’après-midi on croise une sorte de campement. On y installe notre bivouac et on s’endort rapidement. Le ciel est spécialement beau, ce soir.


7 août 2016

Réveil en chanson à 6h30 du matin. Ils sont au taquet ! Moi il me faut des heures pour me réveiller le matin... C’est l’anniversaire de Mor, aujourd’hui. Super ! Petit déjeuner porridge et puis on s’en va en direction du Shingula pass. Dernier jour de marche, donc. Le col est à 5’200m. d’altitude. J’me réjouis de passer la barre des 5’000 à patte.

J’ai la dalle. J’ai hâte de me taper un gueuleton digne de ce nom une fois arrivée à Darcha.

On croise une femme qui doit avoir 80 ans et qui marche aussi en direction du col. Il faut être solide, pour ermiter en ces terres.


Je pousse un peu et j’arrive au passe 1 heure avant les autres. Je crève la dalle, j’ai froid et j’attends... On redescend plus bas et tombons sur une route. Mémé et mes copains arrivent. Un 4x4 est là pour emmener mémé et on négocie pour qu’ils nous prennent aussi. Deux heures de route plus tard, on arrive à Darcha. De la bouffe, enfin ! Après 1 heure de route encore, nous arrivons à Keylong. Ici, on prend une piaule pour la nuit. C’est le confort suprême : nous avons de l'eau chaude et un wifi qui fonctionne. La classe !


La première chose que je fais en arrivant, c’est de prendre une douche. (Ça fait pas de mal, vous me direz, après une semaine !)

J’en profite aussi pour laver mes fringues. Encore une bonne bouffe le soir et une bonne nuit sur un matelas. Ça fait du bien.


8 août 2016

On passe une journée à Keylong. Je passe mon temps sur mon téléphone, à donner des news aux amis et à la famille. Le sud m’appelle depuis quelques jours. J’en ai parlé aux copains; tous me disent que ça ne sert à rien d’aller dans le sud à cette période-ci de l’année. C’est la mousson, et il pleut à verse. Moi je m’en fou, qu’il pleuve, je sens que c’est là-bas que je dois aller. En fin de journée, je vois que mon ami Jonas (de Suisse) est dans le Kerala pour quelques semaines. Je l’appelle : "Mec, je crois que je vais débarquer !"  Il rigole ; "Fais comme tu le sens, Lise. En tout cas, ici, c’est cool !"


9 août 2016

On prend le petit déjeuner tous ensemble avec mes compagnons de route et puis on se fait des gros câlins. Nos chemins se séparent ici. Yeale et Amit vont rester. Mor et moi, on va faire du stop jusqu’à Manali. Un camion nous prend rapidement. Un camion typiquement Indien, joliment décoré de partout. Le chauffeur est adorable. En fait, je croise que des gens adorables... C’est partit pour 7 heures de route !

On arrive à Manali. C’est trop bondé, trop bruyant trop... Tout, en fait... Surtout après une semaine passée au calme. On se trouve une piaule en face, à Vashisht, beaucoup plus paisible.


10 août 2016

Réveil vers 09h00. Je vais chercher un ticket de bus pour Delhi. C’est décidé, je file au sud. J’ai regardé sur internet les différents centres pour une retraite Vipassana. Il y en a une qui débute dans une dizaine de jours, pas loin de là où est Jonas. Je m’inscris direct. Depuis le temps que ça me trotte dans la tête, de faire Vipassana... Ça tombe à pic ! Et puis, ça me fera du bien de retrouver Jo... Je l’adore, ce mec.


11 août 2016

Réveil, méditation, bouclage du sac à dos et bisous d’Adieu à mon pote Mor. (Avec la larme à l’oeil, toujours, sinon c’est pas drôle). C’était trop super, tous ces moments passés ensemble... J’ai à chaque fois beaucoup de gratitude pour toutes les belles choses et les belles personnes que la vie met au travers de mon chemin. Merci, merci la vie !

Je passe à Manali mettre du son sur mon téléphone, parce que j'suis pas prête d'arriver dans le Kerala...

Le bus pour Delhi s’en va à 16h00 cet après-midi. On part à l’heure, c’est cool.


12 août 2016

Bon comment dire... J’ai passé 14 heures dans ce putain de bus. Horrible. J’ai rien bouffé par peur de vomir dans les virages. J’ai réussi à somnoler un peu vers 1 heure du matin. Ah et aussi, j’étais la seule meuf dans tout le bus. Un peu moins rassurée, pour le coup.

Bref, je suis arrivée aux alentours de 6h ce matin à New Delhi. Fatiguée... C’était un bordel sans fin pour trouver LA gare dans l’espoir de choper LE train de 11h30 pour Thiruvalla. J’ai pris plusieurs Rickshaw et j’ai passé d’office en office pour essayer de trouver quelqu’un qui aurait bien pu m’aider à trouver le bon endroit. Le dernier Rickshaw dans lequel je suis montée m’a enfin emmenée jusqu’à la bonne gare. J’ai payé mon ticket un peu plus cher mais bon, je crois que pour 50 heures de trajet, ça vaut la peine de mettre 10 balles de plus pour avoir une place correcte. Jonas sait que j’arriverai d’ici... Eh bien d’ici deux jours environ. Une fois à bord, je me pose, à l’aise. Tout est cool.


13 août 2016

J’ai super bien dormis ! Et j’ai fait plein de belles rencontres. Les femmes indiennes avec qui j’ai passé du temps à discuter sont d’une douceur incroyable. Elles s’inqiétaient toutes pour moi : "Ici, on ne voyage jamais seule. Avec la famille ou les amis, mais jamais seule..."

Plusieurs d’entre elles m’ont filé leur coordonnées "au cas où tu passes par le Rajastan, ou Chennai ou je ne sais encoure ou d’autre," à un moment donné du voyage. Elles me touchent profondément. "Girl power !" Aurais-je eu envie de crier !


14 août 2016

J’arrive vers midi à Thiruvalla. Jonas n’est pas là et j’ai pas internet. J’me débrouille pour en avoir et je trouve l’adresse de l’endroit où il est. Je prends un rickshaw et fonce lui dire coucou. C’est génial, de se retrouver ici ! Full good vibes ! En plus, mon inscription à Vipassana a été validée. À moi le silence et le calme intérieur pendant 10 jours ? Pas sûre sûre... Mais l’idée me plaît bien, en tout cas.


15 août 2016

Je passe du temps avec Jo. On va en ville, on boit de l’eau de coco. On refait le monde... On refait toujours le monde, avec lui. Ça me fait du bien, mon ami.


16 août 2016

Un ami de Jo m’emmène au centre Vipassana. J’ai la boule au ventre... Dix jours de silence, coupée du monde, m’attendent. C’est flippant au possible !

Mais c’est quoi, Vipassana ? C’est juste une technique de méditation. Les quatre premiers jours, on se focalise seulement sur le bout de son nez. On essaie de rester présent aux sensations de l’air qui y rentre et qui y sort. Et les six derniers jours, on focalise son attention sur le reste du corps. C’est dix jours où l’on ne parle pas, où l’on n’échange pas de regards avec les gens autour de nous. C’est dix jours sans téléphone, sans bouquins, sans carnet pour écrire, sans aucune distraction sous quelque forme qu’elle soit. C’est dix heures de méditation assise par jour, de 04h00 du matin à 20h00 environ, avec des pauses entre temps. Deux repas quotidiens sont offerts. Plutôt cool, non ? J’aime bien l’idée, en tout cas. Le cadre du centre est très beau. Je suis contente d’être là.

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